Les petites têtes :

Sur les étagères en bois blond de l’exposition aux Ombres Blanches, c’est-à-dire : galerie Ombres Blanches et la librairie étrangère (rue Mirepoix) à Toulouse, qui accueillaient  les peintures, fusains, encres, dessins et monotypes de  Didier Cros jusqu’au 17 octobre dernier à Toulouse. 



S'y trouvaient de curieuses petites pièces, sur piédestal, elle y étaient assemblées en cohortes dans la salle à l’arrière de la librairie étrangère. Ces petits personnages siègeant au sein d’un volière d’encre et de papier, les pies et passereaux des tableaux et des encres sur papier de Chine de Didier Cros, ces piafs peu fréquentables - les pies sont des vandales - apparaissaient comme protégés par les bataillons de petites têtes de terre cuite, que les amis du peintre Didier Cros ont rebaptisé glyphe – ou plus comiquement d’une archéologique attribution le  ‘’Crâne de l’Homme de la Crouzette’’, lieu où est sis l’atelier de Didier Cros, tapi sur la première vertèbre de l’épine dorsale des coteaux de la Montage Noire, là quelque part sur cette route qui serpente au flanc arrière de Roquecourbe.
Ces petites terres cuites, dont certaines évoquent le masque de Sganarelle au nez allongé et tordu, siégaient comme autant de drôles d’oiseaux de feux stupéfiés par la cuisson. 
Certaines nous souriant de toutes leurs ratiches portaient comme pirates et punks des anneaux à l’orbite. Elles plastronnaient comme autant de têtes de piaf aux yeux cave,  installés là en observation dans cet accrochage de la librairie Ombres Blanches qu’ont partagé Didier Cros, Christian Thorel et Jean Michel Vinay.




















 






Cette théorie de têtes en réductions assemblées en rang, comme des bogues à qui on aurait creusé des orbites consternées. Les petites têtes épinglent notre ressemblance comme des caricatures, elles font résonner dans les plans de notre conscience abrutie, toute insinuante depuis leur simili archéologie de gueules de l’art, qu'elles sont comme nos portraits aux hébétudes somnambuliques. Elles  nous houspillent depuis leur taille d'appeaux en terre cuite, ou de flûte ocarina et nous égrènent une petite musique sifflée de leurs chicots manquant traversant leurs becs haves. Leurs airs louches nous rappellent ce raccourci assassin qui verra nos gueules d’amour  toutes destinées à se ratatiner en d’ultimes rictus, quand ils ne nous restera que la grimace sur nos belles gueules du fond de nos demeures éternelles.Leurs non-mirettes rappellent également les ''Mononoke Hime'', ou ''Kodama'' des esprits de la forêt dans le film d’animation de Hayao Miyazaki, ''Princesse Mononké'', ou les esprits de la forêt, les sylvains dans la traduction française, accompagnent d’un claquement ressort de leurs tête la progression des promeneurs dans une forêt primitive et magique, originelle et impitoyable, une forêt qui parle.




Didier Cros connait tous les dialogues  de la forêt, depuis les ramures aux arbres et leurs ombres signes , dont il inscrit les gesticulations de sortilèges nocturnes dans le fusain, au noir d'encre sur des papiers marouflés sur toile. Quand ces ombres sont colorées par l’été, sur les façades et les volets de son atelier au lieu dit Malrieu situé à La Crouzette, en Occitanie, dans le département du Tarn, où depuis sa position de vigie spectateur un cours d'eau vivant, L'Agout sinue d'éclats dans la vallée en contrebas, là où Didier Cros a vu jucher son atelier. Adossé aux contreforts des montagnes noires, il y fixe aléatoirement le mouvement peint des effets du temps qui’l fait, dans une série de peintures où les reflets et les ombres bruissent et croquent autant de motifs que Didier Cros braconne, ils évoquent une autre réalité sublimée par la large palette coloriste dont il use ingénument. La répétition des motifs d’ombres ou de couleurs procure une sensation proche de la non figuration abstraite, mais cette sensation nous leurre, les sujets existent et ils sont modèles de ses toiles, aux rayons de leurs ferventes incantations, se seront grillées les petites têtes..







B Boucquey/ L'étage Galerie Bordeaux



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